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Opérationnaliser la fiabilité

Une approche globale pour assurer des opérations fiables.

mars 30, 2021  By Mario Cywinski


Photo: Getty Images.

Au cours du récent événement Reliable Plant 2019 Conference and Exhibition qui s’est tenu à Cleveland, le magazine MRO a eu l’occasion de participer à des séances de formation couvrant un large éventail de sujets dans le domaine de la maintenance. Une de ces séances traitait du sujet suivant : Fiabilité opérationnelle – qu’est-ce que c’est, et comment l’atteindre? Les conférenciers venaient de l’entreprise ReliabilityX : George Williams, fondateur et PDG, ainsi que Joseph Anderson, directeur de l’exploitation.

Leur présentation portait sur la manière d’adopter une approche globale pour assurer la fiabilité opérationnelle. Ils ont expliqué comment des opérations fiables comblent le fossé entre les silos organisationnels de la compagnie (vision verticale) en intégrant tous les aspects des activités pour se concentrer sur la création de valeur dans l’entreprise. Ils ont présenté un tableau qui permet de mieux comprendre à quel point il est difficile pour une organisation de générer de la fiabilité. Le tableau dressait un portrait de l’atteinte des objectifs organisationnels grâce à l’atteinte des objectifs d’actifs et des objectifs opérationnels, et ce, par le biais d’une stratégie judicieuse et d’une exécution tactique.

Ils ont expliqué que la fiabilité opérationnelle visait à assurer que chaque parcelle de rendement repose sur l’élimination des pertes. Une exploitation fiable consiste à minimiser les pertes, pas seulement les pannes. La fiabilité opérationnelle se révèle une approche proactive suggérant que les pertes soient perçues comme des défaillances afin d’être éliminées. MRO s’est entretenu avec MM. Williams et Anderson pour approfondir l’approche globale de la fiabilité opérationnelle qu’ils ont présentée.

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Maintenance, Réparation et Opération : Vous avez parlé d’une approche globale de la fiabilité, pouvez vous expliquer ce concept?

George Williams/Joseph Anderson : La fiabilité, un peu comme la sécurité, doit impliquer tout le monde. Une machine pourrait avoir un historique de  zéro panne, si les achats cherchent à économiser un sou par conteneur, et que les nouvelles spécifications du conteneur nécessaires pour économiser ce sou causent de petits arrêts de production, non seulement ne réaliserez-vous jamais d’économies, mais vous augmenterez vos coûts de production en raison de ses arrêts. Les achats, évoluant dans leur silo, réclament des économies de coûts et s’encouragent quand le rendement diminue, sans que personne voie la relation de cause à effet.

Cela se produit dans de nombreux groupes. Bien que chaque silo pense qu’il pose le bon geste, sans approche globale, sans objectifs communs et sans formation, le rendement en souffrira inévitablement.

MRO : Selon vous, quels sont les principaux objectifs de la fiabilité opérationnelle?

GW/JA : Ne pas poursuivre les seuls objectifs de l’entreprise, mais bien comprendre ce qui est possible, et le réaliser. S’assurer que chaque personne comprend son impact sur la fiabilité; ainsi que la culture en évolution, non en mutation.

MRO : Pouvez-vous approfondir sur l’analyse des pertes et son rôle dans la MRO?

GW/JA : L’analyse des pertes cherche à identifier l’impact sur le rendement. Elle les répertorie dans 25 catégories, lesquelles nous indiquent quels types de pertes contribuent à un rendement inférieur au rendement accessible. Alors que la fiabilité opérationnelle vise à éliminer les pertes, la gestion de la MRO joue un rôle important dans l’élimination de certaines pertes. Par exemple, s’assurer que les consommables nécessaires aux activités de production sont disponibles ponctuellement et facilement s’avère essentiel en matière de rendement global.

Un filtre pour l’encre d’imprimante obstrué qui ne peut pas être remplacé immédiatement peut avoir un impact majeur sur l’équipe de production. En outre, les composants nécessaires à la maintenance, comme ceux des pièces d’usure à remplacer dans le cadre de la maintenance préventive ou les pièces de rechange essentielles, doivent être gérés de manière appropriée.

Voici quelques pratiques à proscrire pour une saine gestion des MRO :

  1. Temps moyen de réparation (TMR) augmenté par le temps consacré à la recherche : chariots d’outils, zones de magasin, hangars de stockage, etc.
  2. Stockage inadéquat des pièces de rechange en raison :
  3. de l’absence d’analyse mathématique ROP visant à ajuster le niveau de stock en fonction du roulement;
  4. de l’existence de magasins satellites qui freinent le roulement et accumulent l’inventaire – réduisant le niveau de stock disponible ponctuellement.
  5. Manque de contrôle du magasin et de ses articles. Cela occasionne les problèmes ci-dessus. La liste peut s’allonger, mais le point à retenir est qu’une bonne gestion des pièces de MRO contribue à réduire les pertes, tant pour les activités d’exploitation que de maintenance.

MRO : Vous avez mentionné à quel point les organisations sont comme des équipes de football. Pouvez-vous développer?

GW/JA : Il s’agit d’une analogie qui compare une usine à une équipe de football dont le plus grand rival est perdu :

  • Le directeur de l’usine est le coach;
  • Le directeur de la maintenance se veut le quart-arrière;
  • Le service de maintenance est constitué des attaquants;
  • Le groupe d’exploitation est constitué des défenseurs;
  • L’organisation de la qualité s’avère l’arbitre;
  • L’entreprise joue le rôle du service à la clientèle;
  • Les services de sécurité et de formation sont les entraîneurs sportifs;
  • La logistique est… la logistique.

Les pertes sont le plus grand rival qui vous empêche d’être les champions du monde. Elles sont là pour vous avoir, et elles gagnent! Les usines sont en moyenne efficaces à 33 %. Néanmoins, les usines de classe mondiale le sont entre 70 et 85 %, selon la gamme de produits en cause.

MRO : Dans quelle mesure est-ce important que les opérations participent à la maintenance?

GW/JA : La maintenance commence par les opérations. Elles constituent la première ligne de défense. Les gens qui y travaillent connaissent le pouls de la chaîne. Si nous choisissons d’investir en eux afin de leur faire comprendre le processus de fabrication d’un point de vue mécanique, et leur permettre de rechercher les défectuosités et les sources de pertes de manière proactive, ils pourront jouer un rôle considérable dans la fiabilité opérationnelle.

MRO : À votre avis, quels sont les aspects les plus importants de la fiabilité opérationnelle?

GW/JA : Les gens, les gens, les gens! La compréhension des activités. La compréhension de l’impact des pertes sur les objectifs de l’entreprise et les pertes par lesquelles vous êtes concernés. La responsabilisation de votre équipe, afin de lui permettre d’éliminer ses propres pertes.

La responsabilisation comporte deux volets. Tout d’abord, vous devez « instaurer » une politique de responsabilisation. C’est la partie facile. Si la direction rassemble tout le monde dans une salle et dit « vous êtes responsables », cette seule étape n’inculquera pas la responsabilisation. Le second volet s’avère plus important : les gens doivent « se sentir » responsabilisés. C’est là que la plupart des efforts pour « changer » la culture ou responsabiliser les gens échouent.
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Mario Cywinski est rédacteur en chef du présent magazine et de sa publication soeur anglophone Machinery and Equipment MRO. Il est membre de l’Association des journalistes automobile du Canada (AJAC) et juge au Canadian Truck King Challenge. Il cumule plus de 10 ans d’expérience en rédaction et plus de 15 ans dans l’industrie automobile ainsi que dans le secteur des petites entreprises.


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